A 38 ans j’estimais que j’étais à l’abri des déménagements intempestifs de mes amis. Il faut dire que je m’en suis tapé des déménagements. Je crois même que je les ai collectionné. Expert ès-déménagement, bordel.
Le pro du roulpratic, du camion, du hayon, du diable, du sanglage, de la descente d’escalier ET de la montée d’escalier, du portée de carton, de l’organisation de chaîne humaine, du gardé d’ascenseur, du dévissage de pieds de meubles, du jeter-poser de cartons, du scotchage de carton, de l’empilage, du débarrassage, du sandwich pris sur le pouce, …
Ah ça j’en ai fait un paquet. Il faut dire que c’est l’inconvénient (le seul, hein !) d’avoir beaucoup d’amis. Le pire c’est que finalement je n’ai jamais, pour ma part, sollicité des amis pour déménager. La première fois j’ai fait ça seul car j’avais pas grand chose. La deuxième fois je suis passé par un déménageur (au black). Bref, donc alors que je devrais avoir un régiment d’amis prèts à me rendre ce service, je les rends quitte de cette mission. Car, d’expérience, je sais que c’est chiant, pénible, relou, crevant. Et, au final, je n’ai pas envie de leur imposer ça !
Aussi quand Alex (pas celui du bureau, celui de la réserve) m’a demandé de bloquer mon week-end pour l’aider dans son déménagement j’aurai dû me méfier, j’aurai même dû dire NON ! Juste NON ! Mais que voulez-vous, on se refait pas. Trop bon, trop con. Bonee poire un jour, bonne poire toujours.
Au moins j’aurai juste dû lui demander : "Bien sûr. Quel jour ?" Cette question anodine m’aurait bien aidé. Mais non, j’ai zappé ce détail. Bref, Alex m’appelle mercredi pour me dire, "T’as pas oublié pour ce week-end, hein ? – Non, bien sûr. – Parce que sinon je suis grave emmerdé. – T’en fais pas ! Les amis sont faits pour ça. – Ah, cool ! C’est génial ! Je savais que je pouvais compter sur toi ! Donc je passe te prendre vendredi soir et je te libère dimanche matin !" S’ensuit un certain silence estomaqué de ma part puis : "B-b-b-b-bien sûr. P-p-p-p-pas de pro-problème."
Quoi, putain deux jours ! Le WEEK-END COMPLET ! AAAAAHHH FAIT CHIER MERDE ! Mais pourquoi j’ai dit oui. Mais putain je suis trop con. Mais CON, CON, CON et RE-CON !
J’ai dond un jour pour annuler tous mes plans du week-end. Un déjeuner chez ma mère, une cérémonie d’adieu aux armes d’un officier général que j’estime énormément, un dîner avec un couple d’amis que j’ai aps vu depuis 2 mois. Ah, et puis sinon, je comptais passer au bureau pour écluser un peu de travail en retard ! Super ! Génial !
Conclusion Alex me récupère vendredi soir à 20h00 direction Brest. Bah ouais ! Sinon cela aurait été trop simple. Dans un putain de 20m3 brinquebalant avec hayon. Et hop direction la Bretagne par les nationales. Arrivée à 5h00 du mat’ !! Ah ouais parce que entre temps, en Bretagne on est passé à côté d’un barrage des douanes qui nous ont coursé. Apparemment ils nous ont fait signe de nous arrêter mais ni moi, ni Alex n’avions vu de signes en pleine nuit. Alors, évidemment, nos douaniers ont pensé que nous étions des contrebandiers ou que nous avions quelque chose à cacher. Bref, ils nous ont coursé, nous ont rattrapé et ramené au point de départ. Contrôle des papiers, ceux du véhicule, les nôtres, fouille au corps (brrrr, je déteste ça), alcooltest (négatif : Alex a arrêté l’alcool il y a 1 an et demi, et moi j’y ai pas eu droit, m’enfin de toute façon j’étais sobre n’ayant rien bu depuis 3 jours, et lea dernière fois c’était un kir en apéro au déjeuner) et chien policier pour d’éventuelles traces de drogue (négatif aussi, bien sûr). Heureusement que le camion était vide à l’aller car, s’il avait fallu tout descendre je crois que j’aurais … perdu mon calme olympien. Bref, désolé de pas avoir vu les signes, sans rancune, on reprend la route c’est juste une bonne demie-heure de perdue.
Arrivé à Brest on dort (mal) jusqu’à 9h00 (la putain de grasse mat’) puis réveil quand les autres amis d’Alex arrive pour lui donner un coup de main. Au final nous sommes 6 (Alex et moi compris). Là je me pose sérieusement la question de mon utilité d’avoir fait Paris-Brest vu qu’il y avait suffisamment de bras pour faire le gros oeuvre. Bon, on finit vers 17h00, le camion rempli jusqu’à la gueule. Un vrai Tetris 3D. Impressionnant.
Lors de ma seule pause j’ai juste le temps de passer à la librairie Dialogues et discuter avec Séverine la jeune libraire qui s’occupe du rayon SF et Fantasy. Je prends note d’envoyer quelques SP et de glisser un mot à Manu.
Sur le départ j’insiste lourdement pour VOIR la mer. Juste la voir. Naïf que j’étais. Dans mon optimisme je pensais que je pourrai plonger une tête dans l’Atlantique. Et ben non. Hop p’tit miste !
Direction la banlieue parisienne. Arrivée (par l’autoroute cette fois) sur place à 1h00 du mat’ chez les parents d’Alex. Je prends une bière fraiche en discutant un peu puis je monte me coucher. Bêtement je commence "Le procès de la sorcière" puisque Név’ ne m’en dit que du bien. Ben ouais c’est génial. Je suis vanné mais je ne peux pas m’en détacher avant 3h00. Je m’arrête quand mes paupières semblent l’emporter sur la gravité et après avoir essayé vainement de lire 3 fois la même page. Puis je pose le bouquin et m’endors sans avoir le temps d’éteindre la lumière.
Réveil à 10h00 ! Mmmmmhhh je suis trop heureux. Encore une fois j’ai trop bien dormi ! Je vais prendre un modeste p’tit déj’ sans café. Je répète : SANS CAFE !!! Y’en a pas ! Les dents sérrées en un rictus de parfaite fausse bonne humeur je feins le bonheur de boire une thase de thé. Putain du thé, mais j’aurais vraiment tout eu, lors de ce week-end.
Bon on vide deux trois trucs du camion (le plus gros étant un matelas), que l’on vraque dans le salon. Puis on fonce vers Paris, direction l’appart des parents cette fois. Là on va tout vider dans une pièce en attendant. Bon ben arrivé sur place un autre ami d’Alex est là. Hop à 3 paires de bras on abat de la besogne ! Et on finit vers … 21h00 !! Deux trois trucs à fignoler, départ à 21h30.
Arrivé chez moi à 22h00 !!
Donc un déménagement de 50h00 ! Suis un peu crevé et furieux contre moi. Donc désormais, je le dis une bonne fois pour toute. C’est bon, c’est fini. Les déménagements, merde !! Raus, kaput, apu, ciao. C’était mon dernier. Je suis trop vieux pour ces conneries.